21 Juin - Séparation
C'est aujourd'hui qu'Agnès reprend le train.
45 km pour rejoindre Lausanne et le TGV qui, en trois heures, la conduira à Paris.
Mais avant cela, les bords du lac Léman. Encore de nouveaux paysages, de nouvelles perspectives, toujours des cerisiers, et toujours autant de plaisir à pédaler, même pour une dernière matinée ensemble qui aurait pu être plombée.
Agnès aura fait, depuis l'embouchure de la Loire : 1.551 km et environ 8.885 m de montée ! Elle a droit à vos félicitations.
Heureusement pour mon moral, le soir même, je suis chez « les petits Suisses », Eric et Loren, rencontrés il y a sept ans sur le chemin de Compostelle.
Avec Eric, nous regardons les possibilités de relier Vevey au Danube. Il se trouve que la route des lacs, itinéraire balisé de La Suisse à vélo, correspond à mon trajet et recueille l'approbation d'Eric quant à la qualité touristique. Ce sera donc la route des lacs : 497 km dont 50 de chemin, 3890 m de dénivelé pour rejoindre le lac de Konstanz, « voyage à travers la Suisse version carte postale » annonce le guide officiel de l'itinéraire.
22 & 23 Juin – Quand la bise fut venue
La bise, chez nos amis suisses, désigne un vent froid qui descend des Alpes. Il fait le bonheur des surfeurs sur le lac Léman, mais ralentit sensiblement la progression des cyclistes qui l'ont de face, et qui n'ont pas chaud.
Le chemin me conduit vers les plateaux de Gruyère. Région de pâturages, le premier ramassage des foins est terminé et le paysage a les allures d'un immense golf bien entretenu.
« La Suisse version carte postale » disait la pub, mais une autre image m'est venue à l'esprit, celle d'une Suisse d'opérette où tout est un peu sur-joué : trop beau, trop bien léché, trop nickel, comme un décor un peu kitch; et encore, le soleil est absent.
Le soir, je serai accueilli par Didier et Nathalie, avec Lina (2 ans) et Léo (1 an), un beau palmarès de cyclistes à leur actif et des projets pleins la tête pour après ... quand l'aménagement de la maison et l'arrivée du troisième permettront un peu plus de liberté. Soirée « en famille » tout ce qu'il y a de plus sympathique.
Charme des rencontres, mais chaque matin, il faut se séparer. Et avec l'âge, je supporte de moins en moins bien ses séparations, l'impression de laisser une bribe de soi à chaque endroit.
Passage par Gstaad; pas vu notre Johnny national; j'ai déjeuné très prolétairement sur la place principale, entre une banque et une boutique Patek face au Rialto, d'un bout de pain et d'une boite de filets de maquereau à la sauce tomate. Gstaad, sous la bise et avec quelques rares touristes frigorifiés, est triste.
Désormais, la langue allemande a remplacé la langue française.
Aussi, auf wiedersehen.