jeudi 9 juillet 2009

D'Allemagne en Autriche

Lundi 6 juillet – le cordonnier de Mauriac (Cantal)

Je choisis mes petits pains avec graines au buffet du petit-déjeuner quand plusieurs voix me saluent : « Guten morgen ». Ça ne sonne pas juste aussi je regarde plus attentivement qui me parle. Dans les yeux des personnes, il y comme une hésitation; moi, je n'hésite pas et leur dis : « Vous, vous êtes français. »
J'ai visé juste. La conversation s'engage, et patati et patata.
Retenez de tout cela que le cordonnier de Mauriac (Cantal) est en vacances avec sa femme et leurs deux enfants. Aujourd'hui, ils allaient à Vienne. Inutile donc d'aller porter des chaussures à réparer.

Mais que cela fait du bien de parler français après 15 jours de disette.

Tête en l'air
9h22. Je tends la main pour saisir la gourde. Arghhh ! Pas de gourde. J'ai oublié mes deux gourdes dans la chambre, cruche que je suis.
Cela fait près d'une heure que je roule. Pas envie de faire demi-tour. Vu le nombre de magasin de vélos devant lesquels je passe, il ne devrait pas y avoir de problème pour trouver ce contenant indispensable pour avancer.
Effectivement, à Deggendorf, je trouve un magasin de vélos, plus grand que l'Intermarché de Méréville. Bien sur il y a des gourdes, mais à un prix un peu cher. J'hésite puis en prend une, pour ne pas rester démuni : « Un tien vaut mieux que deux tu l'auras », dit la sagesse populaire. Je fais remplir la gourde d'eau – car une gourde vide ne sert à rien - et repars. Deux cent mètres plus loin, je vois un autre magasin de vélos plus grand cette fois que le Leclerc d'Angerville, donc nettement plus grand que le précédent.
Je sais. Pour mes lecteurs qui ne connaissent ni Méréville ni Angerville, ces comparaisons ne parlent pas beaucoup; mais il leur faudra s'en contenter. Sachez qu'en France, ça n'existe pas des grandes surfaces comme celles-là, rien que pour le vélo.
Vous rendez-vous compte, un magasin plein de vélos partout, 200 ? 300 ?, et plein de vêtements de cycliste, et plein d'accessoires, des gourdes notamment, à des prix bien plus intéressants que dans celui où je viens d'acheter la première gourde.
J'y achète donc une deuxième gourde, ce qui me fait un service de gourdes dépareillé. Il faudra faire avec.

7 juillet – La Danube superbe et sauvage

Ces 100 km allant de Passau à Aschach m'ont montré un Danube superbe. Les jours précédents, je circulais plutôt dans de vastes plaines alluviales. Depuis Passau, les collines se sont resserrées autour du Danube, couvertes de forêts du sommet jusqu'au fleuve, paysage sauvage et préservé où se faufilent les routes, cachées par les arbres.
Des bacs nous permettent de passer d'une rive à l'autre.
Il a fait plutôt beau, sans pour autant faire chaud, mais vers 3 heures, la pluie est revenue. Et il pleut toujours en ce moment où je prends ces notes (18h18).

Passau, une grande ville
Selon mes critères, Passau est une grande ville. En effet,
- à la librairie, le guide que je voulais acheter existait en anglais, en un exemplaire, mais cela me suffisait.
- à la gare principale, il y avait Le Monde, le Figaro et Libération. Le Figaro, c'est pas trop mon truc. J'aurai bien pris Libé pour changer du Monde mais il y avait Marine Le Pen en première page. A l'idée d'avoir à la porter dans mes sacoches pendant quelques jours, j'ai reculé. Ce sera donc de nouveau Le Monde.

Je ne suis pas aidé
La géographie ne m'a jamais intéressé. À l'école, elle faisait partie des matières à apprendre, pas vraiment à comprendre et je n'aime pas apprendre. Depuis quelques années que je voyage un peu plus, du côté géographie, les choses s'améliorent mais encore faut-il que l'on m'aide.
Ainsi, en regardant le trajet de demain, il me semble comprendre que je suis désormais en Autriche. Où ai-je passé la frontière entre l'Allemagne et l'Autriche, je n'en sais rien; quelque part avant Passau probablement. Aucune indication, les gens parlent la même langue, on paye toujours en euros. Comment voulez-vous que je m'y retrouve ?

Mercredi 8 juillet – Mauthausen

Mauthausen est un village au bord du Danube, comme il y en a tant d'autres. Une particularité cependant : il possède sur son territoire, des carrières de granit que les Nazis voulaient exploiter pour construire leurs plus prestigieux monuments.
Quelques mois après l'annexion de l'Autriche, en Août 1938, un camp est donc créé sur la colline, au dessus du village. Les premiers travailleurs viennent alors de Dachau.
La suite, ce sont 200.000 déportés et bien plus que l'exploitation d'une carrière.

Ce qui m'a le plus surpris, c'est ce camp au vu et au sus de tous, pas quelque chose de caché au fond d'une forêt ou d'une vallée perdue. C'est aussi la modestie des moyens mis en oeuvre eu égard aux résultats obtenus : deux fours crématoires, une chambre à gaz de 3m x 3m environ. En fait, la majorité des individus mourrait des mauvais traitements, de la malnutrition.


Pendant la visite, j'ai eu droit à l'habituel orage, avec des nuages particulièrement noirs pour la circonstance.

C'est tout pour aujourd'hui.