dimanche 28 juin 2009

Chroniques suisses

Pour illustrer ces chroniques suisses, j'ai choisi l'image de cette vieille dame, assise sur son banc face au lac des quatre cantons. Telle que j'ai cru la deviner, la vie au bord d'un lac a un ton particulier, où dominent la paisibilité, la sérénité.

24 Juin – Faute d'inattention

Erreur classique au départ, le matin, quand l'esprit n'est pas encore bien affûté : prendre le chemin dans le mauvais sens. Je m'offre le luxe bien inutile de 328 m de montée sur 8 km. Sans échauffement, c'est un peu rude; surtout que dans les passages à plus de 10%, il me faut pousser le vélo.Dans l'après-midi, j'arrive à Interlaken, une de ces villes qui avait déjà tout compris au tourisme il y a plus d'un siècle. Beaucoup d'asiatiques, de marcheurs, de vieux (de plus vieux que moi) et de grosses voitures.Pour moi, la météo l'autorisant, ce sera camping.

25 Juin – Bon anniversaire
Les lacs se suivent : Thoune, Brienzer, Lungerer, Sarner, encadrés de hautes montagnes, parfois bien enneigées comme la Jungfrau, l'occasion de quelques photos.
Pour franchir le col du Brunig, le train se fait à crémaillère; je dois me contenter de mes jambes habituelles, pédalant-poussant, un peu légères dans cette grimpette qui n'en finit pas, à la vitesse à laquelle je progresse.
Pour me redonner du coeur à l'ouvrage, mais aussi pour fêter mon anniversaire et parce que le ciel se fait menaçant, je me paye un bon hôtel, avec sauna et caldarium.

Au menu du soir
Grilliertes Gemüse mit Pinienkernen
Italienische Gemüsesuppe
Gebratenes Rotbarschfiletin
ZitronbutterSalkartoffelnGemüse vom Markt
Quarkmousse mit Erdbeeren

A la serveuse dont je crois comprendre qu'elle me demande si cela me convient, je réponds 'ya', bien sur.
Le quarkmousse, au dessert, j'en ai déjà dégusté plusieurs, c'est un peu comme le cheesecake en Irlande : il y en a des délicieux et il y en a qui ont le goût de savon; celui d'hier était acceptable.

26 juin –Etape de transition
Pas grand chose à dire pour cette journée de vélo :
- le lac des quatre cantons était dans la brume.
- Lucerne bien sur, avec son pont tout en bois, mais tout le monde le connaît, au moins en photo.
- La photo où passe le vélo couché : je préparais le cadrage de ce superbe aménagement de voies cyclistes quand est arrivé le vélo couché; j'ai donc attendu qu'il soit dans le champ pour prendre la photo. Heureux hasard car c'est le seul vélo couché que j'ai croisé en Suisse.
- Le forcing qu'il m'a fallu faire pour arriver avant le gros orage qui me coursait derrière depuis un moment; j'ai décalé l'heure du déjeuner et fonçé ... pour arriver à l'abri à Zug en même temps que les premières gouttes d'un beau déluge.

De Zug où j'ai dormi, je retiendrai deux choses :
- le marché aux cerises, éh oui, un marché – pas bien grand, il est vrai – complètement consacré à la cerise et à ses dérivés, pâtisserie, liqueurs, confitures, ... un pays de rêve, je vous dis.
- La jeunesse que je croise, le soir, pour ma promenade digestive le long du lac. Garçons et filles déambulent ou discutent, assis sur un banc, avec une canette à la main, voire même un pack de bière, quand il ne s'agit pas d'alcool plus fort. Cela me laisse une drôle d'impression, dans ce pays où tout est clean dans la journée, où même l'herbe sait qu'elle doit s'arrêter de pousser là où commence l'asphalte.


27 juin - L´oeil était dans la tombe ...
Il y a deux ou trois jours, j'ai vu un panneau indicateur avertissant de la présence de radar, panneau sur lequel un gros oeil scrutait une voiture sous lui – on voyait des rayons partir de l'oeil - désolé, je n'ai pas pris la photo.
En Suisse, j'ai parfois l'impression que cet oeil me surveille aussi. Quand je cueille quelques cerises, par exemple, chose qu'avec Agnès, nous faisions le plus naturellement du monde en France, dès qu'une branche dépassait un temps soit peu d'une clôture, et sans aucune vergogne quand il n'y avait pas de clôture. Autre exemple plus trivial : quand il me faut faire pipi. Autant, en France, le moindre arbre, la moindre haie suffisent à mon bonheur, autant en Suisse, rien que le fait d'y penser me semble incongru. Peut-être les Suisses n'ont-ils pas de prostate ? Et traverser en dehors des passages piétons, vous n'y songeriez quand même pas ?

A part ça, ce fut ma plus mauvaise journée depuis le début; de l'eau en abondance !

28 Juin – Le dimanche, je pense
Je pense à mes amis du vélo qui doivent faire leur sortie matinale et dominicale; j'espère qu'Agnès les a rejoints.
Et puis, quand il me faut pousser le vélo, je pense à Janine.
Et quand j'ai un petit élancement au genou, je pense à Nathalie (et je change de pignon aussitôt)
Et quand je passe à Einsiedeln, je pense à Denise
Et quand je vois un cycliste en jaune, je pense à Pierre-Yves
Et quand je vois l'hôtel Rössli, je pense au Mannerchor de StreffisbourgEt quand je vois un beau paysage, ou que j'ai passé une difficulté, je cherche la main d'Agnès.

Sondage réalisé ce 28 juin sur la population suisse vue de mon vélo.
Le dimanche, les Suisses pratiquent – dans l'ordre – le vélo, le patinage (roller), le jogging, la marche (avec bâtons), la planche à voile, la plongée, le cheval, la varappe, le saut en parachute.

Faut-il que je vous aime ! Pour me connecter à Internet qui me fait défaut depuis quelques jours, je suis allé prendre une consommation dans un McDo. Tout routard sait qu'internet est gratuit dans un McDO. Une surprise, le café était le meilleurs de ceux pris en Suisse, et le moins cher. Une autre surprise, pour se connecter, la procédure est telle qu'il faut un téléphone portable pour recevoir un code. Désolé, je n'ai toujours pas de portable.

Et merci pour vos messages d'encouragement amicaux.