mercredi 15 juillet 2009

Quelques jours en Hongrie


Lundi 13 Juillet – Budapest, la journée des français

Au camping, un couple de marseillais a installé sa tente près de la mienne. Bavardage ce matin avant que je ne parte.
Et puis ce fut Budapest et une longue approche banlieusarde sans intérêt, pleine de travaux.
Enfin, j'aperçois le monument où siège le parlement, au bord du Danube. J'attends longtemps que le soleil veille bien éclairer son architecture finement ciselée mais en vain.

Budapest m'a beaucoup plus convaincu que Vienne, plus d'espaces, plus aérée, une architecture plus homogène et moins pesante.

Je me réfugie au Mc Do pour déjeuner – il n'y a pas que les Big Mac chez Mc Do, leur salade poulet est excellente – et me connecter à Internet. Ça marche. Je peux donc mettre à jour le blog et recharger les batteries de l'ordinateur.

Il faut maintenant quitter la capitale, et là commence la grande galère.
- Les cartes du nouveau guide que j'utilise, celui qui doit m'emmener jusqu'au delta du Danube, sont désormais au 1:100.000, ce qui devient très imprécis.
- Du point de vue circulation vélo, disons pudiquement qu'il n'y a aucune infrastructure; je roule au milieu des voitures, des camions, des tramways, en essayant d'éviter les rails (une chute quand même), le nez en l'air à la recherche de panneaux indicateurs inexistants.
- « Budapest, tout le monde descend ». La ville semble être la fin de l'eurovélo6. Plus aucun cycliste à sacoches à qui faire un petit signe, plus de groupes de vélo devant les nombreuses buvettes du chemin, je me retrouve seul sur ces km de route qui n'en finissent pas de m'éloigner de la capitale.
- Côté hébergement, c'est encore pire. Comme il n'y a plus de demande, il n'y a plus d'offre, pas de gasthauf, pas de zimmer. Je vise un camping signalé sur le guide. Je le trouve enfin après plusieurs erreurs de parcours, pour découvrir un terrain vague aux herbes folles et un bâtiment sans toit, à l'abandon.
Je repars, le moral dans les chaussettes, me demandant quelle folie je suis en train de faire.
500 m, un carrefour, deux cyclos à sacoches apparaissent venant d'une autre route. Des français, complètement encalminés eux aussi par cette sortie de Budapest. Nous unissons nos forces pour nous réconforter. Vous ne pouvez pas imaginer comme cela fait du bien.
Je trouve un lunapark aquatique qui accepte de nous accueillir : nous pouvons planter la tente dans un coin du parc; douche, piscine, à 20h, nous sommes les maîtres des lieux, nous partageons le dîner, elle est pas belle la vie ? Non, pas tout à fait, car ils nous faut encore nous battre avec des moustiques extrêmement agressifs. Nous sommes trois, ils sont des centaines et nous perdons cette dernière bataille de la journée.
Demain est un autre jour.

Avec Suzy et Jean-Yves, cyclos de Rennes, nous échangeons autour de cette expérience, ce voyage que nous avons en commun, et je réalise la chance que j'ai eu côté météo. Ils roulaient trois ou quatre jours devant moi et ont connu les pires orages, des inondations du Danube, routes impraticables, campings envahis par l'eau, odeurs de pourritures (un camping où j'ai dormi hier sans problème), nécessité de prendre le train dans certains cas. Bref, pour eux, ces derniers jours n'ont pas été une partie de plaisir, là où pour moi, seuls quelques orages ralentissaient, et encore, ma progression.
Plusieurs jours à Budapest à attendre un colis postal qui n'arrivera pas me vallent de les rencontrer aujourd'hui.
Nous ne ferons pas route ensemble car ils voyagent sur une base de 50 à 60 km par jour; moi, je tourne régulièrement au dessus de 100 km par jour.

Mardi 14 juillet – fortes chaleurs

Nous déjeunons ensemble, Suzy, Jean-Yves et moi. Pas de cérémonie particulière pour ce 14 juillet.
Nous nous séparons, avec un peu de regrets en ce qui me concerne.

Journée sans grand intérêt. Imaginez que vous faites Etampes-Orléans-Etampes à vélo. Rien de bien excitant n'est-ce pas ? Et bien, la campagne d'aujourd'hui, c'était cela : plate et sans esprit. Rien à mettre dans l'appareil photo : un clocher en cuivre, trois cigognes, un vieux tracteur.

Même le guide n'a plus rien à proposer du point de vue touristique : "The Europe's biggest wine-cellar village", mais il faut faire un crochet de 26 km, "The paprika museum", + 13 km. Je me passerai de l'un comme de l'autre.
Car il fait chaud, très chaud. Depuis une semaine, le thermomètre tourne autour de 30°; aujourd'hui, il indique 41° au soleil, 34° à l'ombre.
Ne craignez rien, j'ai deux chapeaux sur la tête, je m'arrose et je m'abreuve tant et plus car il y une pompe à eau dans chaque village, et du vent, de l'air. La chaleur n'est pas trop pesante mais ce vent gêne la progression.
Je n'ai pas le choix, il faut faire avec.

Nette amélioration du côté de la signalisation qui redevient lisible et crédible. Les dotations en panneaux ont du être bien inégalement faites pour que je puisse constater de telles différences d'un jour sur l'autre.



Mercredi 15 Juillet – changements de tactique

1er changement tactique : partir très tôt le matin, 6h, 6h30.
Cela n'a pas empêché la journée d'être difficile : piste difficile par endroit où le vélo se couche dans un sol trop meuble, et grande monotonie des paysages. J'avance à l'énergie.
En début d'après-midi, des idées de renoncement me tournent dans l'esprit; après tout, s'il n'y a plus rien à voir, le vélo seul ne m'intéresse pas, surtout par cette chaleur.
Mais cela serait dommage d'abandonner maintenant alors que le corps fonctionne comme une horloge, ... sauf les dents : un bridge joue le pont à bascule et de l'autre côté, une molaire fait des siennes; heureusement, je n'ai pas besoin des dents pour avancer.

Cela fait plusieurs soirs que je campe, avec dîner et petit-déjeuner assis par terre. Pas de douche hier soir dans un camping sauvage. Cela est sans doute un peu rude. Aussi ...

2ème changement tactique : ne pas trop me mener à la dure, et tant pis pour le budget. Ce soir, c'est hôtel avec Internet dans la chambre. Sur que cela ira mieux si je me dorlote un peu.

Demain, je passe en Croatie. Il me faut liquider mes forints magyars.